Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/334

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ennemis arrivent, tomber entre leurs mains, serait pour moi la mort ; veuillez me suivre.

— Pourquoi vous suivre ? demanda la duchesse, répondant aussi nettement qu’on lui parlait ; ni moi, ni ma fille, ni même la généreuse Fleur-de-Mai, n’avons rien à redouter, mais au contraire tout à attendre de ceux que vous nommez vos ennemis ; si vos intentions sont bien telles que vous me l’avez fait espérer, plus tôt je verrai mon frère, plus tôt il me sera possible de vous fournir les renseignements convenus.

— Madame, répondit le Chat-Tigre avec amertume, cela serait possible en effet, si j’avais devant moi d’autres hommes que ceux auxquels j’ai affaire ; pour que je réussisse à obtenir quelque chose d’eux, il faut que je puisse leur imposer des conditions ; ces conditions, je ne pourrai les leur imposer qu’en vous conservant près de moi ; encore une fois, je vous le répète, il faut me suivre.

— Maintenant, monsieur, je reconnais que vous m’avez trompé, répondit fermement la duchesse ; je ne consentirai jamais à vous accompagner, surtout sachant que mes amis arrivent à mon secours ; ce serait une folie, une lâcheté dont je ne me rendrai pas coupable ; faites ce qui vous plaira ; tuez-moi, je suis faible et sans défense entre vos mains ; mais jamais du fait de ma volonté je ne consentirai à vous suivre.

— Soit, madame, répondit-il avec ressentiment, dans votre intérêt même il importe que ce que j’ai résolu soit exécuté, si vous refusez de me suivre de gré, vous me suivrez de force ; Dieu jugera entre nous.

— N’invoquez pas le nom de Dieu, monsieur, en vous préparant à commettre un crime et une lâcheté.

— Pour la dernière fois, je vous en supplie, madame, consentez à me suivre ?

— Non, monsieur, non, mille fois non !

Le bandit poussa une sourde exclamation de colère et se précipita hors de l’appartement.

— Si vous tenez à la vie, aidez-moi ! s’écria Fleur-de-Mai ; je ne vous demande que quelques minutes d’éner-