Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/348

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une grâce, la dernière, me l’accorderez-vous ? il s’agit de mon repos, presque de mon bonheur.

— Parlez, madame, s’écria-t-il avec émotion, ne savez-vous pas…

— Je sais, interrompit-elle, que vous m’êtes tout dévoué, d’ailleurs je me souviens du serment que vous m’avez fait dans l’église de la Merced à la Vera-Cruz.

— C’est vrai, murmura-t-il, j’ai juré.

— Eh bien, reprit-elle d’une voix qui tremblait malgré elle, donnez-moi votre main.

— Ma main ?

— Oui, fit-elle en souriant.

— La voilà, madame.

Doña Violenta prit la main de l’Olonnais, la joignit à celle de Fleur-de-Mai, et regardant les deux jeunes gens avec une expression de joie ineffable, elle dit d’une voix attendrie :

— Aimez-vous, soyez heureux et pensez quelquefois à votre sœur qui, elle, priera pour votre bonheur, jusqu’à son dernier soupir.

Et se penchant vers les deux jeunes gens, elle effleura leur front d’un doux et chaste baiser.

Ce fut tout.

L’Olonnais était vaincu.

Le lendemain le mariage fut célébré, dans l’église de Port-Margot.

M. d’Ogeron et le duc de la Torre servaient de témoins à Fleur-de-Mai ; Vent-en-Panne et Montbarts étaient ceux de l’Olonnais.

Cette union fut une véritable fête, à laquelle assistèrent tous les chefs de la flibuste, parmi lesquels se distinguait notre ami Pitrians.

Deux jours plus tard, le duc de la Torre quitta Saint-Domingue avec sa famille, il se rendait au Havre.

Un an s’écoula, Fleur-de-Mai était mère ; elle berçait dans ses bras charmants, un enfant auquel l’Olonnais souriait avec bonheur.

— J’ai des nouvelles pour toi, matelot, dit Vent-en-