Ce raisonnement spécieux était loin de satisfaire les dames de Medellin, dont la curiosité avait été excitée par les récits passionnés, et plus que fantastiques, des deux jeunes filles de don Pedro Garcias.
Mais les arrieros s’obstinèrent dans leur première résolution ; rien ne réussit à les faire consentir à ouvrir la vente, ainsi que l’on dit en termes du métier ; du reste, ils avaient pour cela de bonnes raisons ; la beauté et le choix de leurs marchandises, en leur ouvrant les portes des riches maisons de la Vera-Cruz, les aideraient à parvenir, sans éveiller les soupçons, jusques au duc de la Torre.
Le soir du second jour de leur arrivée à Medellin, l’Olonnais annonça après le dîner à don Pedro Garcias, son intention de quitter le lendemain le village au lever du soleil, afin d’atteindre la Vera-Cruz de bonne heure dans la matinée.
Cette résolution causa une tristesse générale dans la famille ; chacun se récria sur la promptitude de ce départ ; quelques jours de plus à Medellin ne nuiraient en rien à leurs intérêts ; rien ne les empêchait de demeurer encore, etc., etc.
L’Olonnais répondit que, tout le premier, il regrettait fort de se séparer d’aussi bons amis ; mais que leurs affaires devaient être menées rondement, d’autant plus que des navires venant d’Europe étaient attendus à la côte ; que s’ils tardaient trop, l’abondance des marchandises sur la place amènerait une dépréciation des leurs, et leur causerait ainsi de graves préjudices.
Les dames s’obstinaient à vouloir retenir les étrangers ; ceux-ci de leur côté, insistaient pour partir ; la discussion se serait sans doute prolongée longtemps sans amener de solution ; si par hasard don Pedro Garcias n’y avait coupé court, par une question inattendue, et n’était parvenu ainsi, à donner gain de cause à sa famille, c’est-à-dire à retarder de quarante-huit heures le départ des étrangers.
— Vous autres tierras a dentro, fit-il, bien que je ne