Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/72

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— Oh ! que cela ne vous inquiète pas, je me charge de tout régler à votre satisfaction. Mais avant de m’engager davantage vis à vis de vous, je veux votre parole de demeurer encore deux jours ici, avec nous ?

— Oh ! de grand cœur ! s’écria Pitrians.

— Pour vous consoler, reprit l’haciendero, je vous accompagnerai à la Vera-Cruz, où m’appellent quelques affaires assez importantes.

— Ceci est charmant, dit l’Olonnais, j’accepte avec joie votre proposition ; mais à une condition aussi, señor, et cette condition si vous la repoussez, je vous déclare que rien ne pourra me retenir ici, un quart d’heure de plus.

— Voyons la condition, señor.

— La voici : vous me permettrez d’offrir à vos charmantes filles et à doña Incarnacion leur mère, des pendants d’oreille, et un crêpe de Chine, que j’ai mis de côté pour elles.

— Au diable les marchands ! s’écria gaiement don Pedro Gardas, ils ont toujours la rage de se ruiner en cadeaux ! faites comme il vous plaira, mais vous nous resterez encore pendant quarante-huit heures ?

— C’est convenu, señor don Pedro ; maintenant permettez-moi de vous demander quel est le moyen que vous comptez employer pour nous faire obtenir les passes dont nous avons besoin, et qui à votre avis nous sont indispensables.

— Oh ! un moyen bien simple, señor ; l’alcalde et le chef de la police de Medellin, sont mes compères ; ils n’ont rien à me refuser. Je les verrai ce soir même, je leur expliquerai en deux mots l’embarras où vous êtes, et avant une heure je l’espère, je vous rapporterai vos passes parfaitement visées, et en règle.

L’Olonnais ouvrit son portefeuille, y prit un papier et le présentant à l’haciendero.

— Voici, dit-il, une patente qui nous a été délivrée, il y a un an, à Mexico, contre une autre périmée ; nos