Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/91

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avec insouciance, si les espions espagnols sont fins, les flibustiers ne sont pas sots ; et puis après tout, chacun pour soi, et que le diable attrape celui qui se laissera prendre !

— Allons, mauvaise tête, fit le duc en souriant, pas d’imprudence, je vous le répète. Suivez-moi maintenant chez Mme la duchesse ; ma femme et ma fille vous aiment, elles seront heureuses de vous voir ; surtout pas un mot de ce qui s’est passé entre nous ?

— Cette recommandation était inutile ; dit un peu sèchement le flibustier.

— J’ai tort, fit le gentilhomme en lui tendant affectueusement la main ; pardonnez-moi, et venez.

Les deux hommes se levèrent et quittèrent le cabinet, pour se rendre dans les appartements de la duchesse.


VI

CHAPITRE DANS LEQUEL LES CANCANS VONT UN TRAIN D’ENFER

Pitrians avait ouvert sa balle, déployé et étalé ses marchandises avec une dextérité et une adresse qui avaient fort amusé les dames, convaincues qu’elles avaient en réalité affaire à un colporteur de bon aloi.

Du reste, les expressions dont il se servait pour vanter ses marchandises, étaient bien celles employées par ces honorables négociants. La duchesse et sa fille se pâmaient d’aise, à la phraséologie à la fois bouffonne et prétentieuse, dont il se servait pour faire l’éloge de chaque objet nouveau dont il faisait papilloter adroitement à leurs yeux, les reflets chatoyants.