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L’ÉCLAIREUR.

collier de griffes d’ours gris, longues de trois pouces et blanchâtres à la pointe. Ses épaules étaient couvertes de la grande mih-ihé ou robe de bison, tombant jusqu’à terre et peinte de diverses couleurs. Il avait serré étroitement à la ceinture le woupanpihunchi ou culottes consistant en deux parties séparées, une pour chaque jambe, descendant jusqu’à la cheville et brodée à la partie extérieure de piquants de porc-épic de couleur variée se terminant par une longue touffe traînant par terre ; son nokké, larges bandes de drap rayées de blanc et de noir, s’enroulait autour de ses hanches et retombait devant et derrière en longs plis ; ses humpés ou souliers en peau de bison étaient peu ornés, mais il avait attaché au-dessus de la cheville des queues de loups qui traînaient à terre derrière lui et dont le nombre égalait les ennemis qu’il avait vaincus ; à son ichparakehn ou ceinture pendaient, d’un côté une poire à poudre, un sac à balles et un couteau à scalper, de l’autre un carquois en peau de panthère garni de flèches longues et acérées, et son tomawhauks ; son eruhpa, — fusil, — était posé à terre à portée de sa main.

Ce guerrier, revêtu de cet étrange costume, avait quelque chose d’imposant et de sinistre qui inspirait la terreur.

Quant à présent, nous nous bornerons à dire que l’Églantine avait quinze ans au plus, qu’elle était fort belle pour une Indienne, et qu’elle portait dans toute son élégante simplicité le sévère costume adopté par les femmes de sa nation.

Terminant ici cette description peut-être trop détaillée, mais qui était nécessaire pour connaître les hommes que nous avons mis en scène, nous reprendrons le cours de notre récit.

Depuis longtemps nos deux personnages fumaient auprès l’un de l’autre sans échanger une parole ; enfin le Canadien secoua le fourneau de sa pipe sur le pouce de sa main gauche, et s’adressant à son compagnon :