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L’ÉCLAIREUR.

— Mon frère est-il satisfait ? demanda-t-il.

— Ooah ! répondit l’Indien en baissant affirmativement tête, mon frère a un ami.

— Bon, reprit le chasseur, et que fera maintenant le chef ?

— L’Aigle-Volant rejoindra sa tribu avec l’Églantine, puis il reviendra chercher la piste des Apaches.

— À quoi bon ?

— L’Aigle-Volant veut se venger.

— À votre aise, chef, ce n’est certes pas moi qui vous engagerai à renoncer à vos projets contre des ennemis qui sont aussi les miens ; seulement je crois que vous n’envisagez pas la question à son véritable point de vue.

— Que veut dire mon frère le guerrier pâle ?

— Je veux dire que nous sommes loin des huttes des Comanches, et qu’avant de les atteindre nous aurons sans doute plus d’une fois encore maille à partir avec les ennemis, dont le chef se croit peut-être un peu prématurément débarrassé.

L’indien haussa les épaules avec dédain.

— Les Apaches sont de vieilles femmes, bavardes et poltronnes, dit-il, l’Aigle-Volant les méprise.

— Possible ! reprit le chasseur en hochant la tête ; cependant, à mon avis, nous aurions mieux fait de continuer notre route jusqu’au lever du soleil, afin de mettre une plus grande distance entre eux et nous, au lieu de nous arrêter aussi imprudemment ici ; nous sommes bien près encore du camp de nos ennemis.

— L’eau de feu a bouché les oreilles et fermé les yeux des chiens apaches ; ils dorment étendus sur la terre.

— Hum ! ce n’est pas mon opinion, je suis au contraire persuadé qu’il veillent et qu’ils nous cherchent.

Au même instant, comme si le hasard avait voulu justifier la crainte du prudent chasseur, une dizaine de coups de feu