— Dame ! fit le bandit en fixant un clair regard sur l’étranger qui, de son côté, l’examinait attentivement.
— Et si ce quelqu’un, continua don Stefano, vous donnait en sus, comme arrhes du marché, une bague comme celle-ci.
En disant ces paroles, il faisait chatoyer un magnifique diamant aux yeux du bandit.
— J’accepterais, cuerpo de Cristo ! s’écria celui-ci avec un accent de convoitise, dussé-je, pour découvrir ce secret, compromettre à jamais la part que j’espère en paradis !
Don Stefano se tourna vers Balle-Franche.
— Déliez cet homme, dit-il froidement, nous nous entendons.
En se sentant libre, le métis fit un bond de joie.
— La bague ! dit-il.
— La voila, fit don Stefano en la lui remettant, c’est convenu ?
Domingo croisa le pouce de sa main droite sur celui de sa main gauche, et redressant fièrement la tête :
— Sur la sainte croix du Rédempteur, dit-il d’une voix ferme et accentuée, je jure de faire tous mes efforts pour découvrir le secret que don Miguel cache si jalousement ; je jure de ne jamais trahir le caballero avec lequel je traite où ce moment ; ce serment, je le fais devant les trois caballeros ici présents, m’engageant, si je le faussais, à subir sans me plaindre telle peine, fût-ce la mort, qu’il plaira à ces trois caballeros de m’infliger.
Le serment fait par Domingo est le plus redoutable que puisse prononcer un Hispano-Américain ; il n’y a pas d’exemple qu’il ait été jamais faussé. Don Stefano s’inclina convaincu de la loyauté du bandit.
Soudain plusieurs coups de feu, suivis de cris horribles, éclatèrent à peu de distance.