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L’ÉCLAIREUR.

devoir de découvrir le dernier caveau. Après quelques instants, ses recherches furent couronnées de succès.

À peine la pierre fut-elle soulevée, que, sans tenir compte de l’air méphitique qui s’élança de l’ouverture et faillit éteindre sa torche, il se pencha en avant.

— Je la vois ! je la vois ! s’écria-t-il avec un cri ressemblant plutôt à un rugissement qu’à la voix humaine.

Et sans attendre davantage, sans même calculer la hauteur, il se précipita dans le caveau.

Quelques minutes plus tard, il remontait dans la salle, portant dans ses bras le corps inanimé de doña Laura.

— En retraite, mes amis ! en retraite ! s’écria-t-il en s’adressant à ses compagnons ; ne demeurons pas une seconde de plus dans ce repaire de bêtes fauves à face humaine.

Sur un signe de lui, doña Luisa fut enlevée dans les bras d’un vigoureux lepero, et tous s’éloignèrent en courant dans la direction des cloîtres. Bientôt ils atteignirent la cellule de la supérieure.

En les apercevant, l’abbesse fit un effort violent pour briser ses liens, et se tordit impuissante, comme une vipère, en lançant à ces hommes qui avaient déjoué ces hideux projets, des regards chargés de haine et de rage.

— Misérable ! s’écria don Torribio, en passant près d’elle, et en la repoussant dédaigneusement du pied, soyez maudite, votre châtiment commence, car votre victime vous échappe.

Par un de ces efforts que seule la haine arrivée à son paroxysme peut rendre possible, l’abbesse parvint à déranger un peu son bâillon.

— Peut-être ! s’écria-t-elle d’une voix qui résonna comme un glas funèbre aux oreilles de don Torribio.

Vaincue par ce dernier effort, elle s’évanouit.