Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/117

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et le continent, il était venu mouiller devant Santa-Buenaventura, joli petit port de la Haute-Californie, presque complétement ignoré alors, même des géographes, et qui aujourd’hui n’est pas beaucoup plus connu.

– La peuplade à laquelle appartient cette femme, dit Olivier à son matelot, réside, m’a-t-elle assuré, à vingt ou vingt-cinq lieues de Santa-Buenaventura ; ce sera pour moi un charmant voyage. Je l’accompagnerai jusque-là ; je parle très-bien la langue de ces Indiens, dont je suis certain d’être bien accueilli ; d’ailleurs, j’ai des signes de reconnaissance tatoués sur l’avant-bras gauche, qui, dans tous les cas, me feraient respecter. Cependant, comme il est bon de tout prévoir, si dans dix jours tu ne recevais pas de nouvelles de moi, il faudrait, avec l’aide des autorités mexicaines, te mettre immédiatement à ma recherche. Mais ces précautions seront inutiles : avant dix jours tu me reverras. Allons, embrasse-moi, matelot, et séparons-nous ; je te laisse le commandement en mon absence, fais bonne garde.

Les deux hommes se tinrent longtemps embrassés ; Ivon Lebris avait le cœur serré, comme s’il pressentait un malheur.

— Tu me caches quelque chose, matelot lui dit-il tristement.

— Moi ! tu es fou ! répondit-il avec un rire trop bruyant pour être de bonne foi. Adieu, et à bientôt.

Ils se serrèrent une dernière fois la main puis Olivier descendit dans sa baleinière, où la vieille Indienne était déjà installée à l’arrière.

Dix minutes plus tard, Olivier était à terre, et