Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/119

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— Il y a six jours, oui, capitaine.

— Comment !… il y a sixjours ?

— Oui, capitaine.

– Et c’est aujourd’hui seulement que vous songez à vous acquitter de la mission qu’il vous avait donnée ?

— J’ai dû remplir les intentions du capitaine Olivero, señor capitaine ; c’est lui qui a exigé que je ne vienne pas ici avant six jours.

— Qu’est-ce que cela signifie ? s’écria Ivon abasourdi.

— Je l’ignore, capitaine ; le capitaine Olivero m’a confié une lettre, en m’enjoignant péremptoirement de ne pas vous la remettre avant six jours ; les six jours…

— Le capitaine vous a remis une lettre pour moi ! s’écria Ivon Lebris en interrompant sans cérémonie le prolixe alcade ; cette lettre où est-elle ?

— La voici, capitaine, répondit le digne magistrat en la lui présentant.

Ivon Lebris s’en empara, l’ouvrit ; mais à peine l’eut-il parcouru des yeux, qu’il pâlit et se frappa le front avec désespoir :

— Oh ! s’écria-t-il avec un sanglot et d’une voix déchirante, je le savais ! Malheureux !… quelle horrible résolution !

Ivon faillit devenir fou de douleur, quand il relut à tête reposée le contenu de cette lettre fatale.

Pendant un mois il se livra aux plus minutieuses recherches, mais elles demeurèrent toutes sans résultat.

Enfin le jeune homme fut contraint de quitter la baie de Santa-Buenaventura.