Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/147

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mait la seule voie de communication avec la campagne environnante.

À la forme des Callis ou huttes et des hangars, Olivier reconnut, au premier coup d’œil, que la population de ce village devait appartenir à la grande et belliqueuse nation des Pieds-Noirs ou Kenn’as, généralement appelés Indiens du sang par les chasseurs et coureurs des bois canadiens.

En effet, Olivier ne tarda pas à acquérir la certitude qu’il ne s’était pas trompé, et que les Peaux-Rouges chez lesquels il se trouvait étaient la tribu des Pieds-Noirs-Castors, ainsi que leur totem, c’est-à-dire leurs armoiries parlantes, représentant un castor et peintes sur une peau d’antilope attachée en banderole à une longue perche, en faisait foi.

Cependant plus d’une demi-heure s’était écoulée depuis que les voyageurs avaient été signalés par les enfants et les femmes ; Olivier commençait à s’inquiéter de cette longue attente, lorsque trois Chefs, reconnaissables à leurs nombreux colliers de griffes d’ours gris, à leurs médailles et aux magnifiques peaux de bisons flottantes sur leurs épaules, ainsi qu’aux longs ikkotchotas ou sifflets de guerre faits d’un tibia humain, pendus à leur cou, sortirent à cheval du village et traversèrent la planche qui tremblait et résonnait sous les pieds de leurs chevaux.

Ces trois Chefs se dirigèrent vers les voyageurs, en modérant le pas de leurs farouches coursiers.

Il y avait quelque chose de majestueux et d’imposant dans l’aspect de ces sombres guerriers du désert.

Tous trois avaient dépassé l’âge moyen de la