Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/155

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poussant à qui mieux mieux des acclamations joyeuses.

L’enthousiasme était à son comble : chacun se pressait, non pas pour voir le chasseur blanc, mais afin d’apercevoir Mayava, que pendant tant d’années on avait crue morte, et dont le retour extraordinaire semblait à juste titre, aux Indiens, un véritable miracle.

L’Oiseau-des-Prairies avait pris la tête du cortége, et, aidé par quelques autres chefs, il faisait ouvrir passage à la foule qui menaçait, tant la curiosité était grande, d’étouffer les voyageurs.

On arriva ainsi sur la place du village, près de l’Arche du premier homme, en face du grand Calli-Medecine. Les cavaliers mirent pied à terre.

Devant l’entrée du Calli-Medecine, un homme et une femme, ayant atteint les dernières limites de la vieillesse, mais droits et fermes encore, malgré leur âge avancé, attendaient, entourés d’un grand nombre de chefs et de guerriers de la tribu.

En apercevant les deux vieillards, Mayava s’était jetée à bas de son cheval et s’était agenouillée devant eux en fondant en larmes.

Il y eut alors une scène émouvante entre ces trois personnes, auxquelles leur âge défendait d’espérer, et qui cependant, grâce à un miracle de la Providence, se trouvaient réunies après tant d’années de séparation, sur le seuil de la tombe déjà entr’ouverte sous leurs pas.

Cette scène se prolongea pendant assez longtemps, au milieu des larmes et des sanglots de la foule attendrie, puis on pénétra dans le Calli-Medecine.