Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/167

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mahogany, avait ouvert sa gibecière et se préparait à déjeuner, la rude course qu’il avait faite le matin à la piste du fauve lui ayant donné de l’appétit, lorsque tout à coup son attention fut attirée par plusieurs coups de fusil tirés à courte distance de l’endroit où il se trouvait, et comme si l’on tirait à la cible ; chaque coup de feu était accompagné d’exclamations, de cris et de rires joyeux.

Olivier, sans autrement s’émouvoir, regarda autour de lui, ce que, jusqu’alors, préoccupé qu’il était par la chasse, il n’avait pas songé à faire.

Il se trouvait dans une immense clairière marécageuse qui avait jadis été un lac, mais que le soleil avait complétement desséché ou à peu près, à la suite de quelque perturbation du sol, ainsi qu’on en rencontre tant encore aujourd’hui dans les forêts vierges de l’Amérique du Nord ; autour du chasseur et à une distance de plusieurs lieues de tous les côtés, s’étendaient les majestueuses frondaisons d’un vert sombre d’arbres d’une hauteur et d’une grosseur énormes, serrés les uns contre les autres et dont la plupart étaient âgés de plusieurs siècles.

Il ne fallut que quelques instants à Olivier pour se rendre compte de la topographie de la contrée environnante, et par conséquent se reconnaître.

À quatre ou cinq cents pas au plus de l’endroit où il avait établi son campement provisoire, un peu sur la droite, et blotti au milieu des fourrés, devait se trouver un atepetl, ou village d’hiver, de l’une des plus féroces tribus des Indiens du sang ou Pieds-Noirs, celle des Kenn’as-Serpents.

Le chasseur avait eu, à différentes reprises,