Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/171

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l’aiment, il n’y pas de peau sur le cœur entre eux et lui.

— Je vous remercie de ces affectueuses paroles, chef, reprit le chasseur, mais je me permettrai de vous faire observer que vous ne m’avez pas compris.

— Ehaa ! Le chasseur s’expliquera, il n’a pas la langue fourchue ; ses amis essaieront de le comprendre.

— Je le désire, chef ; je viens vous demander une grâce.

— Une grâce ? dit le chef en fronçant légèrement le sourcil ; le chasseur est l’ami des Piekanns, il a fait beaucoup pour eux ; ses amis le reconnaissent.

— Je sais que vous m’aimez, chef ; moi aussi je vous aime, je vous l’ai prouvé.

— Mon frère l’a prouvé ; que demande-t-il ?

Olivier eut quelques secondes d’hésitation ; il craignait que sa demande fût mal accueillie par ces Indiens féroces, chez lesquels la haine des blancs est presque honorée à l’égal d’une vertu ; mais il n’était pas homme à biaiser et à faire de la diplomatie, il préféra aller droit au but.

— Chef, dit-il avec tristesse, ce Visage-Pâle est mon ami ; mon cœur est blessé de le voir ainsi souffrir. Qu’il soit libre, et je dirai : Les Piekanns sont non-seulement des grands braves, des guerriers invincibles, mais encore ce sont des hommes sages et justes ; ils écoutent les prières d’un ami, ils enlèvent la peau qui couvre leur cœur, pour lui être agréable et voir son cœur s’épanouir de bonheur.

Ces paroles furent suivies d’un assez long silence.