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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/176

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sous lequel je suis généralement connu dans les Prairies, parce que je porte derrière mon sac cette marmite de fer assez noire, comme vous pouvez le voir, ajouta-t-il en riant.

— À votre aise, répondit-il gaiement ; va pour la Chaudière-Noire, quoique ce soit un singulier nom pour un franc coureur des bois comme vous ! Touchez là, je vous prie, ajouta-t-il en lui tendant la main.

— Avec le plus grand plaisir, Belhumeur, s’écria Olivier en riant. Il paraît que je suis arrivé à temps, hein ?

— Sacrebleu ! je le crois ; je frissonne encore rien que d’y penser ! Dix minutes plus tard, ils allaient me mettre des esquilles de pins sous les ongles ; aussi je suis votre ami, la Chaudière ; sans vous tout serait fini pour moi à présent, et ce serait dommage, car je suis jeune, mon ami, et, je vous l’avoue franchement, la vie m’est douce.

— Je le crois ! À votre âge on n’a pas encore de sujet de tristesse, on voit tout en bleu ! Moi aussi je suis votre ami, Belhumeur ; votre caractère joyeux et franc me plaît, plus que je ne saurais vous le dire ; je suis heureux de vous avoir sauvé. Je suis Français, c’est-à-dire presque votre compatriote, puisque les Canadiens sont les Français de l’Amérique ; j’ai un nom que je ne vous ai pas dit : ne m’en veuillez donc pas de ne point vous le dire, je l’ai presque oublié moi-même.

— Bon, très-bien ! je n’ai rien à vous demander sur vos affaires. Vous vous nommez la Chaudière-Noire ; les autres noms que vous croyez me