Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Hum ! vous avez raison, dit Olivier devenu subitement pensif. Onze hommes, si braves qu’ils soient, ne peuvent tout au plus que retarder leur mort de quelques heures ; mais comment êtes-vous aujourd’hui menacés par une troupe aussi considérable ?

— La raison en est simple : jusqu’à présent nous n’avons été attaqués que par des détachements isolés et assez faibles, dont nous avons eu facilement ; raison furieux d’être sans cesse repoussés avec perte, les démons se sont ravisés ; les Apaches, les bandits métis se sont alliés pour nous attaquer en commun : ils espèrent ainsi nous détruire définitivement. Aussi, ajouta-t-il avec un sombre sourire, quand je vous ai dit quatre-vingts, j’ai plutôt diminué qu’augmenté le nombre de ces démons, afin de ne pas trop vous décourager.

— Sommes-nous donc les seuls chasseurs auxquels vous puissiez vous adresser ?

— Les seuls, oui ; les autres sont beaucoup trop éloignés ; d’ailleurs, vous connaissez la loi du désert : chacun pour soi. Ils auraient craint de se joindre à nous contre des ennemis aussi redoutables ; et puis, je sais de source certaine que l’attaque combinée des bandits doit avoir lieu deux heures avant le lever du soleil : le temps m’aurait manqué pour les avertir.

— C’est juste.

— Notre situation est tellement critique qu’un moment j’ai eu la pensée de m’adresser à une tribu Comanche qui, depuis deux jours, est campée à une lieue d’ici, un peu au-dessus du confluent des deux rivières.