Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/213

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sifs témoignaient seuls que la vie persistait chez lui.

Lorsque le soleil se leva à l’horizon, le chasseur releva sa tête alourdie, il se passa la main sur le front.

— Mon fils est un guerrier au cœur fort et vaillant, dit le Sachem d’une voix profonde ; la sagesse est en lui : il sait qu’un père ne saurait jamais être coupable aux yeux de son fils, parce que pour lui il représente le Wacondah ! Mon fils pardonnera à son père qui se révèle enfin à lui, et ce qu’il veut, mon fils le fera, sans hésitation et sans regrets.

Un sourire d’une expression étrange crispa les commissures des lèvres pâlies du chasseur.

— Mon père a bien parlé, dit-il d’une voix rauque, mais ferme, je le remercie, il sera obéi, le sacrifice est fait !

— Bien ! dit le Sachem, mon fils est un homme.

— Cher Olivier murmura M. Maraval avec une tristesse navrante.

— Nous partirons, reprit le jeune homme, dès que mon matelot et vos autres compagnons seront en état de nous suivre. Y consentez-vous, mon cher Jose ?

— Je ferai tout ce que vous désirerez, ami.

— Merci ! Laissez-moi donc profiter à ma guise des quelques jours de liberté qui me restent encore.

Sans ajouter un mot, il sortit du calli, bondit à cheval et s’élança ventre à terre dans la campagne, où il ne tarda pas à disparaître au milieu des tourbillons de poussière soulevés autour de lui par sa course rapide.