Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/218

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l’embrassa à plusieurs reprises sur les naseaux, et, se tournant vers Belhumeur :

— Vous savez combien je l’aimais, lui dit-il d’une voix attendrie, je vous le donne, soyez bon pour lui ; conservez aussi ces pistolets, dont vous connaissez la justesse, et ce couteau de chasse : ils vous rappelleront notre amitié.

Belhumeur baissa la tête pour cacher les larmes qui, malgré lui, inondaient son visage, et il tomba en sanglotant dans les bras que lui tendait Olivier.

L’étreinte des deux hommes fut longue et passionnée, puis Olivier se dégagea doucement, et s’approcha du Sachem.

— Père, lui dit-il avec émotion, votre fils prend congé de vous ; peut-être ne vous reverra-t-il jamais : aimez-le toujours, car toujours il vous aimera, il aurait voulu ne pas se séparer de vous.

— Obéissez au Wacondah, mon fils ! allez retrouver votre autre père qui vous attend en pleurant de l’autre côté du lac sans fin. Vous avez été éprouvé par de grandes souffrances ; mais la douleur n’abat que les faibles, et vous êtes fort ; souvenez-vous seulement, si un nouveau et plus terrible malheur vous touchait de son aile sinistre de chauve-souris, que vous laissez ici un père qui vous aime et une tribu où votre place ne sera jamais prise.

Olivier lui donna, à titre de souvenir, bien que le Sachem se défendit de les recevoir, ses armes, sa gibecière et sa valise avec ce qu’elle contenait, excepté les onces d’or, qui auraient été inutiles au chef.