Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/220

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— Vous regretterez plus tard ces paroles, mon ami, lui dit affectueusement le banquier, adressées à une personne que vous-même déclarez ne pas connaître.

— C’est vrai, mon ami, vous avez raison, pardonnez-moi je ne reviendrai plus sur cette question pénible.

Et en effet il tint parole, il ne fit plus d’allusions amères sur ce sujet délicat ; cependant il lui tenait au cœur.

Quelques jours après avoir acheté des habits à peu près convenables, Olivier monta enfin sur son brick, où il fut accueilli par l’équipage avec des cris de joie.

Cependant il ne voulut pas reprendre le commandement du navire, qu’il obligea son matelot à conserver.

Le lendemain, le Lafayette partit pour la Nouvelle-Orléans.

Là, Olivier se munit de tout ce dont il avait besoin et se nippa complétement.

La métamorphose était radicale.

Le coureur des bois avait fait place au gentleman, à l’homme du meilleur monde.

Si par hasard Belhumeur était venu à la Nouvelle-Orléans, il aurait rencontré son ami sans le reconnaître.

Les voyageurs ne firent qu’un très-court séjour à la Nouvelle-Orléans ; rien ne les y retenait.

D’ailleurs, Olivier avait hâte que son sort se décidât.

En secret, il nourrissait l’espoir d’être bientôt rendu à ses chères forêts vierges, à cette vie libre des savanes qu’il aimait tant.