Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/222

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était morte : son bonheur était enseveli avec elle dans la tombe qui la renfermait pour toujours !

Le banquier comprit la douleur de son ami : il la respecta.

Olivier retrouva doña Carmen charmante, affectueuse, dévouée, telle enfin que toujours il l’avait connue ; elle compatit à sa tristesse et le consola en lui parlant de Dolorès.

Les femmes ont toutes les délicatesses du cœur ; lorsqu’elles sont méchantes, ce qui est beaucoup plus rare qu’on ne le suppose généralement, c’est de parti pris : elles jouent un rôle, elles mentent à leur nature, ou sont, pour des causes inconnues et que seules elles peuvent apprécier, jetées dans une voie mauvaise, qui répugne à tous leurs instincts essentiellement tendres et dévoués.

Olivier et M. Maraval avaient un impérieux besoin de repos, après le long voyage qu’ils avaient accompli depuis le rio Gila jusqu’à Cadix ; ils résolurent de séjourner pendant quelque temps à Cadix, et d’attendre une lettre qui les appelât à Madrid.

Sur la prière de son ami, M. Maraval n’écrivit à Madrid, pour annoncer le succès de ses recherches et son retour en Espagne, que dix jours après leur débarquement commun.

— C’est toujours autant de gagné ! murmura Olivier à part lui.

En effet, cette première entrevue avec son père, qu’il ne connaissait pas, causait au jeune homme une indicible répugnance elle lui faisait peur.

Il se demandait pourquoi, après l’avoir abandonné si complétement pendant plus de trente années, son père se ravisait tout à coup et témoi-