Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/228

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Eh, mon ami ! s’écria-t-il d’une voix nerveuse, à mon âge on ne recommence pas sa vie : la mienne est brisée sans retour ! mais vous avez raison, je dois aller jusqu’au bout ; il faut en finir d’une façon ou d’une autre.

— Vous m’effrayez, mon ami ! qu’entendez-vous par ces mots d’une façon ou d’une autre ?

— Laissons cela, mon ami ; parlons de notre départ prochain. Je ne veux pas me présenter à mon père comme un mendiant ; il est bon qu’il sache bien que je n’ai en aucune façon besoin de sa fortune.

— C’est juste, mon ami.

— Ce courrier est arrivé seul ?

— Tout seul. Pourquoi cette question ?

— C’est que je redoutais… mais il n’en est rien, tant mieux ; s’il en avait été autrement !… mais je me suis trompé : j’en suis charmé, cela me rend moins pénible cette entrevue.

Plus que jamais le banquier se félicita de ses mesures prudentes.

— Nous sommes ainsi placés sur un pied d’égalité qui me plait, continua Olivier ; les générosités fastueuses de mon père m’auraient blessé, je l’avoue franchement ; il nous faut des chevaux pour nous et des mules pour nos bagages. Chargez-vous, je vous prie, de ce soin, mon ami, je m’entends assez mal à toutes ces choses.

— Rapportez-vous-en à moi pour que tout soit fait convenablement. Quand partons-nous ?

— Le plus tôt possible.

— Je vous approuve. Demain, cela ne se peut pas, nous ne serions pas prêts ; voulez-vous après-demain ?