Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/231

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— Je vous remercie, señores caballeros, j’ai l’honneur de vous saluer très-respectueusement.

Il s’inclina à plusieurs reprises et se retira.

Cinq minutes plus tard il était en selle et s’éloignait à franc étrier.

Les deux amis demeurèrent seuls.

— J’ai fait ce que vous avez voulu, dit le banquier.

— Je vous remercie sincèrement, mon ami ; il s’agit maintenant de ne pas perdre de temps.

— Je crains que votre père ne soit blessé de ce retard.

— Bon ! ce retard n’est que fictif, puisque, en réalité, nous arriverons beaucoup plus tôt qu’il ne l’espère ; il sera au contraire charmé, mon ami, et moi aussi par contre-coup.

— Bon ! Comment cela ?

— Parce que, répondit Olivier en riant, ne m’attendant pas aussi promptement, il n’aura fait aucuns préparatifs pour me recevoir.

— Oh !

— Ce qui m’évitera d’être ébloui par sa magnificence.

— Olivier, vous devenez méchant.

— Eh ! non ! mon ami, je suis furieux, voilà tout.

— Furieux ? contre qui ?

— Pardieu ! contre vous, contre moi, contre ce père qui me tombe des nues, sans dire gare, au moment où j’y songe le moins. Je suis furieux contre tout le monde, enfin !

Le banquier éclata de rire à cette singulière boutade.

— Oui, riez, mauvais cœur, moquez-vous de moi. Je voudrais bien vous voir à ma place. J’avais