— Bien, mon ami, j’aime à vous entendre parler ainsi, reprit doña Carmen ; à présent je vous retrouve tout entier, tel que je vous ai toujours connu ; le sacrifice est fait, il est complet vous vous êtes vaincu vous-même !
Elle lui tendit la main avec un délicieux sourire ; Olivier s’inclina sur cette main exquise de formes, sur laquelle il laissa tomber deux larmes, en la touchant respectueusement de ses lèvres.
En effet, le sacrifice était complet ; Olivier semblait transfiguré.
Doña Carmen souriait avec complaisance à son triomphe en regardant à la dérobée le jeune homme avec la tendresse d’une mère.
— Laissez maintenant mon mari tout préparer pour votre voyage, reprit-elle : votre départ doit être prompt ; il importe que votre père vous reçoive non comme un étranger, mais comme un fils qu’il aime ; pour cela, vous devez le surprendre.
— On croirait, à vous entendre, vous et Jose parler de mon père, que vous le connaissez, madame, dit Olivier avec un pâle sourire, tant vous semblez lui porter un vif intérêt ?
— Nous le connaissons, en effet, mon cher Olivier, dit-elle en s’asseyant près de lui ; c’est par nous, par ce que nous lui avons révélé de votre existence passée, que nous lui avons appris à vous apprécier comme vous méritez de l’être.
— Vous aurez un tendre père, je vous l’affirme, Olivier, ajouta le banquier.
— Je l’espère, quoique ce soit bien tard.
— Il vous aimera pour tout le temps qu’il a perdu.