Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/242

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Le marquis de Palmarès Frias y Soto n’avait pas encore quarante ans, il en paraissait à peine trente-deux ; c’était un beau cavalier, dans toute l’acception que comporte ce mot. Il avait eu, avant son mariage, une grande réputation de galanterie et passait pour avoir été très-aimé par certaines dames des plus illustres de la cour, comme nom et comme beauté.

Un sourire amer plissa ses lèvres.

— Puis-je imposer silence aux sots et aux envieux ? dit-il.

— Peut-être jusqu’à un certain point. Votre femme est un ange, vous savez combien elle vous aime ; elle est jalouse : elle souffre de ces bruits, qui arrivent jusqu’à elle.

— C’est vrai, monsieur le duc ; moi-même j’en ai souffert. Je suis chevalier d’honneur de l’infante ; mes charges me retiennent à la cour ; je m’échappe aussi souvent que je le puis ; le bonheur est pour moi à Balmarina, près de la marquise.

— Je vous crois, je veux vous croire, marquis ; je vous sais bon, vous ne voudriez pas rendre malheureuse votre femme, ma bien-aimée fille.

— Dieu m’en garde, monseigneur et père !

— Bien, mon gendre ; il me plait de vous entendre parler ainsi. Quand partez-vous ?

— À l’instant même, monsieur le duc : je désire arriver à Balmarina avant la chaleur de midi ; mes équipages sont prêts.

— Allez donc, marquis, je ne veux pas vous retenir plus longtemps ; rappelez-moi au souvenir de ma, chère Santa. Si la politique me laisse quelque répit, j’irai passer deux ou trois jours avec vous à Balmarina.