Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/318

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le rencontrer ; j’ai alors écrit un billet a mon beau-frère, et je l’ai porté moi-même à l’hôtel Salaberry, où je l’ai remis au concierge, avec ordre de le remettre au marquis dès qu’il rentrerait, et je me suis retiré chez moi.

— Le marquis de Palmarès n’a pas reçu votre billet ; suivant son habitude, il est rentré par une porte dérobée percée dans le mur du jardin.

— C’est un fâcheux contre-temps s’écria Olivier en blêmissant encore mais j’attends la marquise, et…

Mme la marquise ne viendra pas, interrompit nettement don Sylvio Carvajal.

— Que voulez-vous dire, caballero ?

— Monseigneur, un crime horrible a été commis cette nuit à l’hôtel Salaberry ; un valet de l’hôtel, envoyé par le marquis lui-même, est accouru tout effaré me prévenir.

— Mon Dieu ! s’écria Olivier hors de lui, ce que je redoutais serait-il arrivé !

Mais, se repentant aussitôt d’avoir laissé échapper ces paroles, il rougit et baissa la tête.

Don Sylvio Carvajal lui lança un regard perçant, tandis qu’un sourire énigmatique se jouait sur ses lèvres.

— Son Excellence le duc de Salaberry-Pasta n’est pas à Madrid, reprit-il froidement ; en son absence, j’ai voulu, autant que possible, éviter le scandale ; je me suis borné à faire secrètement cerner l’hôtel. J’ai besoin d’un témoin appartenant à la famille Salaberry, pour assister aux perquisitions auxquelles je serai peut-être contraint de me livrer ; je suis venu vers vous, monseigneur, pensant que, mieux que personne, vous