Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/336

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L’audience se prolongea pendant plus d’une heure. Nul ne sut ce qui se passa pendant cette longue entrevue ; nul, probablement, ne le saura jamais.

Quelques mots furent seuls entendus lorsque Olivier se retira.

— Marquis, dit la Reine, je ne veux pas qu’un rico-hombre, un grand d’Espagne, membre de la Toison-d’Or, monte sur l’échafaud pour crime de droit commun ; pourtant j’ai promis et juré que justice serait faite du coupable.

— Madame, répondit Olivier, les Salaberry sont hauts justiciers en Galice et Castille-Vieille.

— Je le sais, mon cousin ; je sais aussi qu’ils savent garder leur honneur. J’ai ta parole ?

— Je la tiendrai, madame.

— Tu refuses de me remettre cette lettre ?

— Votre Majesté connaît les motifs de mon refus, madame ; il y a, Votre Majesté le sait, des noms que nulle souillure ne doit atteindre.

— Soit. Je n’insisterai pas. Tu es un Salaberry, mon cousin : cela me suffit.

— Votre Majesté me comble, madame.

— Marquis, souviens-toi surtout de ta promesse.

— L’assassin se fera justice lui-même ; je m’y engage envers Votre Majesté.

— Bien, mon cousin, je te verrai toujours avec plaisir au palais.

C’était un congé ; Olivier s’inclina respectueusement devant la Reine régente, qui lui donna sa main à baiser. Il rentra chez lui ; don Sylvio Carvajal l’attendait.

— Une haute cour de justice, lui dit Olivier, va être convoquée par ordre de la Reine régente ; cette