Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/359

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— Souffrez-vous, mon père ? lui demanda son fils, en se penchant vers lui avec inquiétude.

— La souffrance physique n’est rien, mon fils, répondit le duc d’une voix défaillante c’est la douleur morale qui me tue.

— Mon père, chassez ces pensées ; votre confesseur est là, dans l’oratoire ; vous aviez désiré qu’on l’appelât, ne voulez-vous pas le voir ?

— Si, si, mon fils, dit le vieillard d’une voix profonde, qu’il vienne ! qu’il vienne tout de suite, tandis qu’il en est temps encore ! Je me confesserai ; je demanderai l’absolution de mes fautes, hélas ! et de mes crimes !

— Vos crimes, mon père ! s’écria Olivier avec une douloureuse émotion.

— Olivier, reprit le vieillard, bien des crimes échappent à la justice humaine, qui ne les considère trop souvent que comme des fautes légères ; mais Dieu voit, sait et se souvient. Sa justice est lente ; mais, quand elle frappe, ses coups sont terribles. Allez, mon fils, faites éveiller mes petits-enfants, qu’ils soient prêts à entrer ici dès que le prêtre sortira.

— Vous croyez-vous donc si mal, mon père ? Ne serait-il pas préférable d’attendre à demain ?

— Demain n’est à personne, mon fils ; faites, je vous prie, ce que je vous demande. L’heure est venue pour moi de faire loyalement mon examen de conscience, avant de comparaitre devant mon créateur. Allez, Olivier, soyez prêt à rentrer avec vos neveux lorsque sortira mon confesseur.

— J’obéis, mon père, murmura tristement le jeune homme.