Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/366

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Olivier, agenouillé devant le lit, cachait sa tête dans les couvertures pour étouffer ses sanglots.

— Mon fils, reprit le vieillard, moi mort, ceux qui ont vu avec dépit votre adoption essaieront de vous nuire. Parmi eux se trouvent quelques-uns de nos parents les plus proches ; ils convoitent mes richesses ; tous les moyens leur seront bons pour vous dépouiller ; ils sont puissants, il faut vous garder contre eux. Dans ce meuble en bois de rose placé au-dessous de mon portrait, il y a un testament écrit tout entier de ma main et signé ; le double de ce testament, fait par le notaire de notre famille et les témoins exigés par la loi, est déposé dans l’étude de Me don Juan de Dios Elizondo. Jusqu’à présent cet homme m’a paru posséder une rare honnêteté : mais la chair est faible, il est bon de prendre ses précautions. Le testament que je vous remets et celui qui se trouve entre les mains du notaire sont identiques, seulement le vôtre est olographe et signé de deux jours plus tard que l’autre ; prenez ce testament, conservez-le précieusement, mais ne bougez pas, attendez-que vos ennemis démasquent leurs batteries : alors vous vous servirez de vos armes. Je vous rends votre liberté, ajouta le vieillard d’une voix de plus en plus faible ; moi mort, vous agirez comme votre conscience vous l’ordonnera.

— Je serai digne de vous, mon père ; dans le ciel vous me sourirez, répondit-il d’une voix hachée par la douleur.

Plusieurs heures s’écoulèrent ; le vieillard parlait par intervalles, toujours pour mettre son fils en garde contre les menées probables de ses ennemis.