Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/369

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dernières années, si douloureusement assombries par l’effroyable assassinat de sa fille.

Le gouvernement voulut que les obsèques de ce grand citoyen, si regretté de tous, fussent faites aux frais de l’État. Elles eurent lieu avec un luxe véritablement royal. Le deuil, conduit par le marquis de Soria, devenu duc de Salaberry-Pasta par la mort de son père, fut suivi non-seulement par toute la grandesse et toute la noblesse espagnole, mais encore par une foule immense de citoyens appartenant à toutes les classes de la population ; témoignage suprême de sympathie donné à l’homme dont le patriotisme éclairé, la droiture et la bonté laissaient un si touchant souvenir dans tous les cœurs.

La famille Pacheco y Tellez originaire du royaume de Galice, possédait, à quelques lieues de Santiago de Compostela, un vieux château nommé Peña-Serrada, nid de vautour perché au sommet d’une montagne escarpée, construit sur les ruines d’une station romaine, et dont la fondation remontait, dit-on, à l’an 470 de notre ère. C’était de cette formidable forteresse qu’étaient sortis cette longue et héroïque suite de Ricos-hombres qui, pendant tant de siècles, avaient si vaillamment contribué à la grandeur de la monarchie espagnole ; c’était sous les voûtes cyclopéennes des sombres souterrains de Pena-Serrada que, tour à tour, les Pacheco venaient reposer, ensevelis dans leur armure.

Le nouveau duc de Salaberry se prépara donc à transporter le corps embaumé de son père et celui de sa sœur doña Santa dans leur dernière demeure, au château de Peña-Serrada.