ses soins et ses efforts tendaient à faire oublier à Olivier le sinistre événement de sa première nuit à Vevey.
Mais rien n’y faisait. Superstitieux comme le sont généralement les hommes forts, il avait l’esprit frappé ; son bonheur était détruit ; il avait la sombre conviction d’un malheur prochain ; il souriait tristement aux consolations que Dolorès et don Jose lui prodiguaient à l’envi l’un de l’autre ; il penchait la tête et retombait aussitôt dans les mélancoliques rêveries dont rien ne parvenait à le distraire.
Aussitôt Olivier rétabli, les trois voyageurs avaient quitté Vevey : cette charmante ville leur faisait horreur. Ils avaient continué leur voyage à travers la Suisse ; mais ce voyage était désormais sans intérêt et sans plaisir pour eux.
Leur itinéraire avait été tracé à l’avance
Ils devaient entrer en France par Porrentruy, se rendre à Strasbourg, passer par Bruxelles, et de là se diriger vers Anvers, où le capitaine Legonidec avait reçu l’ordre de les attendre avec le Zéphyr.
Un mois à peine après leur départ de Vevey, les trois voyageurs, impatients sans doute de quitter le continent européen, arrivèrent à Anvers.
Le brick le Zéphyr avait mouillé dix jours seulement auparavant devant Anvers.
Mettant à profit l’autorisation que lui avait donnée Olivier à Gênes, le capitaine Legonidec avait fait le cabotage, dans la Méditerranée d’abord, puis dans l’Océan ensuite, longeant les côtes et prenant du fret d’un port à l’autre ; il était arrivé à Anvers avec un plein chargement de vins