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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/79

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maîtres de la mer, en revanche les Péruviens les bloquaient étroitement du côté de la terre ; ils les avaient si bien renfermés dans les limites du port, qu’il leur était impossible de se hasarder à une portée de fusil hors de la ville.

Les Espagnols avaient armé de telle sorte les forts du Callao, qu’ils étaient réputés presque imprenables ; d’autant plus que les garnisons de ces forts, très-nombreuses, étaient entièrement composées de vieux soldats, rendus furieux par leurs défaites précédentes, qui avaient tous juré de s’ensevelir sous les ruines de leurs murailles plutôt que de se rendre.

Une nombreuse escadre, composée de frégates, de corvettes et de bricks bien armés, était mouillée sur la rade du Callao et barrait complétement l’entrée du port ; plusieurs bâtiments, embossés dans de fortes positions, se tenaient prêts à venir en aide aux forteresses en balayant la côte avec leur puissante artillerie.

Cet état de choses, déshonorant et ruineux pour les nouvelles républiques de l’océan Pacifique, ne pouvait être supporté plus longtemps ; il fallait en finir, coûte que coûte, avec ces ennemis détestés, qui ne voulaient pas, quoique vaincus, accepter leur défaite, et prétendaient dicter des lois à leurs vainqueurs.

Les forces colombiennes occupaient encore le Pérou ; il fut convenu entre les trois républiques, chilienne, péruvienne et colombienne, qu’un effort décisif serait combiné entre elles, pour chasser définitivement les Espagnols de cette terre américaine, sur laquelle, pendant trois siècles, ils avaient fait peser un joug si honteux.