Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/122

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venu sur la côte d’Espagne, dont il ne voulait pas encore s’éloigner.

Le capitaine Olivier Madray ne pouvait pas, si loin de l’Amérique, conserver des prisonniers, bouches inutiles qu’il aurait fallu nourrir et qui l’auraient incommodé à bord ; après avoir mis un équipage de prise sur chacun des navires capturés et déjoué les poursuites des croiseurs espagnols, il était revenu en vue de Moguers, où il était résolu à débarquer ses prisonniers, après avoir reçu des dépêches importantes qu’il attendait.

Il avait, tout exprès pour ce débarquement, enlevé un grand chasse-marée de Rota, qui, trompé par ses allures pacifiques, s’était un peu trop approché de lui.

En ce moment, il s’en faisait suivre à une demi-encâblure, afin de s’en servir quand il en aurait besoin.

Il était près de midi, lorsqu’une légère balancelle émergea de la baie de Moguers, et mit le cap tout droit sur le Hasard ; M. Mauclère, l’officier de quart, appela le mousse, debout près du capot de la chambre, et lui ordonna d’avertir au plus vite le capitaine de l’apparition de la balancelle.

Ce mousse était un charmant enfant, blond et rose comme une jeune fille, à la mine futée : celui-là même que M. Maraval avait si chaudement recommandé à Olivier ; il était orphelin, né à Fontenay-sous-Bois, près Paris : le banquier l’avait recueilli, pauvre enfant orphelin et demi-mort de misère, lors de son dernier voyage en France. Il se nommait Georges Duflot et paraissait être âgé tout au plus d’une douzaine d’années,