— Pas le moins du monde. Ah ça, quelles nouvelles ?
— Je vous l’ai dit, beaucoup. Vous avez fait des vôtres, depuis notre séparation à Moguers ; on parle de votre navire à Cadix.
– Ah vous avez appris…
– Fichtre ! vous n’y allez pas de main morte : sept navires, dont trois galions, enlevés coup sur coup, et chargés de marchandises précieuses, encore !
— Que voulez-vous, cher ami, répondit le capitaine avec une bonhomie charmante, il fallait bien que je me fisse connaître de mon équipage ! Ces braves gens m’adorent maintenant.
– Je le crois bien ils seraient difficiles !
— Bah ! vous en verrez bien d’autres ; mais procédons par ordre.
— Je ne demande pas mieux.
— Les escadres françaises ?…
— Elles ont appareillé le lendemain de votre départ, qui, entre parenthèse, est passé inaperçu. Les escadres vont faire une croisière de trois mois dans le Levant.
— Et le comte de Salviat ?
– Le comte de Salviat a été enterré à Cadix, avec tous les honneurs dus à son grade dans la marine française ; on sait qu’il a été tué en duel, mais on ignore par qui ; on croit à une querelle soulevée aux courses de Santa-Maria, entre le comte de Salviat et un gentilhomme espagnol, aussi mauvaise tête et aussi bretteur que lui. La duchesse de Rosvego a gardé son secret ; elle est repartie pour Séville, où elle n’a fait que toucher barre, et elle s’est enfermée dans son château des