Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/150

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condes de réflexion, puisque vous tenez absolument à savoir qui je suis, à me connaître tout entier, je ne…

— Pardon, mon ami, interrompit vivement M. Maraval ; je désire avant tout que vous sachiez bien que si moi et ce brave Lebris, votre matelot dévoué, nous désirons vous entendre faire ce récit, qui doit vous coûter beaucoup en ravivant en vous de cruelles douleurs, ce désir n’a rien de cette curiosité futile qui pousse les gens désœuvrés à s’immiscer dans des affaires qui ne sauraient avoir d’autre intérêt pour eux que de leur faire tuer assez agréablement le temps pendant un nombre d’heures plus ou moins considérable…

— Je vous connais trop bien tous deux, répondit affectueusement Olivier, pouravoir supposé un seul instant qu’un motif aussi égoïste vous poussât à insister sur cette demande.

— Voilà qui est parler, matelot, s’écria Ivon avec sentiment ; je n’ai pas besoin de connaître ton histoire pour savoir combien tu es bon et généreux ; je sais ce que tu vaux, cela me suffit pour t’aimer comme un frère ; lorsque je saurai cette histoire, je ne t’en aimerais pas davantage, va, matelot : cela me serait impossible !

Olivier serra chaleureusement la main de son matelot.

— Ivon Lebris a raison, repartit M. Maraval ; seulement il a oublié d’ajouter que, lorsque nous serons au fait des événements douloureux qui causent votre tristesse incurable et votre amère misanthropie, nous pourrons mieux compatir à vos douleurs, parce que nous les aurons faites nôtres et nous les partagerons avec vous.