Le docteur fit poliment entrer ses visiteurs dans un cabinet de travail assez mesquinement meublé, et il leur offrit des sièges.
— J’ai l’avantage de vous présenter mon cousin Perrico, dont je vous avais annoncé la visite pour ce soir, dit Ramillete en saluant.
— Vous voulez dire pour cette nuit, répondit le médecin avec un sourire légèrement railleur.
— C’est juste, fit l’autre.
Le cousin Perrico salua.
Le médecin l’examinait attentivement à la dérobée.
Les deux hommes, quelle que fût en réalité leur position sociale, étaient parfaitement déguisés, et surtout admirablement grimés ; le docteur reconnut sans doute le déguisement, mais ce fut tout ; il se mordit les lèvres avec dépit. Malgré toute sa finesse, il avait affaire à des acteurs trop habiles pour laisser deviner leurs traits sous les masques qu’ils avaient pris.
— Je suis le fiancé de la señora, dit le señor Perrico.
Je le sais, señor, répondit le docteur en s’inclinant ; elle vous a demandé plusieurs fois déjà.
— Puis-je la voir ? demanda-t-il vivement.
— Pas en ce moment, señor ; nous approchons de la crise. Dans quelques minutes, peut-être, la señora sera délivrée… ; alors…
— Elle souffre beaucoup, n’est-ce pas ? reprit-il avec anxiété.
— Affreusement, señor ; mais elle est courageuse et forte ; elle lutte avec toute la puissance de son amour contre les douleurs qui la torturent.