Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/226

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désordre, mais encore que son grand mât était jumelé grossièrement un peu au-dessous des gambes, autrement dit échelles de revers, presque à toucher le trélingage.

— C’est cela même, dit M. Maraval en hochant la tête.

— Hein ? fit le maître d’équipage.

— Que voulez-vous dire, mon cher José ? demanda le capitaine.

— Tout simplement ceci, mon ami, reprit M. Maraval ce brick se nomme la Chimère, C’est un pirate.

— Un pirate !

— Oui ! Il y a sept mois que, pour la première fois, il a été signalé ; il rôde sur les côtes d’Angleterre, de France et de Portugal, et s’empare de tous les bâtiments qu’il rencontre, sans distinction de pavillon.

— Êtes-vous bien certain de ce que vous me dites là, mon ami ?

— Positivement, mon cher Olivier. Ce pirate a été signalé à toutes les chancelleries ; c’est ce qui me l’a fait reconnaître ; il porte seize canons de trente, a un équipage formidable composé de bandits de toutes les nations, mais principalement d’Allemands et de Norvégiens ; son capitaine est, dit-on, un Français, ancien officier dans la marine impériale, dégradé pour viol et assassinat, un crime hideux. Les excès auxquels il se livre sont épouvantables ; c’est un monstre dans toute l’acception du mot ; non-seulement il est pirate, mais encore négrier ; tout lui est bon ; seulement il n’achète pas ses noirs à la côte, il les vole sur les négriers dont il s’empare. Ce serait un immense