Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/250

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Cet officier, fort digne homme et excellent marin, se nommait Pierre Jeansens.

Le lieutenant Mauclère remonta sur le pont, où, excepté les dames et les enfants, presque tous les marins et les passagers s’empressèrent de le suivre.

Le capitaine Jeansens ne se sentait pas de joie d’avoir si providentiellement recouvré son navire, quand il s’attendait à chaque instant à être mis à mort par les pirates par lesquels il s’était si malencontreusement laissé prendre.

Les matelots de la Yung-Frau avaient gaiement repris leur service ; l’équipage se composait de trente-cinq hommes, tout compris. Les rafraîchissements promis furent préparés en un instant, et les prisonniers, à demi mourants de faim pour la plupart, se mirent activement à réparer leurs forces.

Le capitaine Jeansens, laissant à son second le soin de faire les honneurs de la grand’chambre, était resté près du lieutenant du corsaire, qu’il accablait de questions, auxquelles celui-ci satisfaisait avec la plus grande obligeance.

Ainsi que nous l’avons dit plus haut, le trois-mâts avait été surpris par les pirates un peu avant le lever du soleil, pendant le sommeil de l’équipage ; celui-ci, supposant n’avoir rien à redouter dans des parages aussi fréquentés, se gardait mal, ou, pour être vrai, ne se gardait pas du tout.

Aussitôt le bâtiment capturé, équipage et passagers garrottés, bâillonnés et mis aux fers, les pirates avaient fait transporter à bord soixante-dix ou quatre-vingts prisonniers qui encombraient son navire et le gênaient fort. Ces prisonniers