Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/343

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Le mépris des créoles hispano-américains et des Indiens pour la mort est un fait trop bien établi pour que nous nous y appesantissions ici ; ils semblent ne pas avoir conscience de cet acte suprême, et partager sur ce point le fanatisme musulman.

Arrivé devant la table, où le délégué du président de la république était assis, le capitaine d’armes cria ce seul mot :

— Halte !

L’escorte du prisonnier s’arrêta.

Le délégué examina un instant, avec un vif sentiment de pitié, l’homme debout devant lui.

— Comment vous nommez-vous lui demanda-t-il enfin.

— Je me nomme Estremo Montès, répondit le prisonnier d’une voix calme.

— Où êtes-vous né ?

— À Iquique, dans la vice-royauté du Pérou je suis sujet espagnol.

— Quel âge avez-vous ?

— Trente-neuf ans.

— Votre profession ?

— Propriétaire de mines.

Toutes ces réponses furent nettes, claires et faites sans hésitation.

Il y eut un court silence.

Le délégué feuilletait les papiers placés devant lui.

— Écoutez les charges qui pèsent sur vous, reprit-il après un instant en se préparant à lire.

— À quoi bon, dit le prisonnier avec un haussement d’épaules significatif, puisque j’ai avoué ?

— Consentez-vous à répéter cet aveu devant le