Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/56

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Ceux-ci se mirent aussitôt à l’œuvre, et, s’armant de longues gaffes, ils culèrent ainsi qu’ils en avaient reçu l’ordre, et, remplaçant la lancha qui les avait précédés, ils s’apprêtèrent à recevoir les barriques qui déjà se balançaient au-dessus de leurs têtes.

Moins de trois minutes s’étaient écoulées depuis le moment où l’ombre dont nous avons parlé s’était glissée du petit canot du vaisseau dans la lancha espagnole, jusqu’au moment où la première barrique vide fut descendue.

Le chargement marchait rondement.

Les barriques étaient affalées par grappes de six et même de huit à la fois ; les matelots du Formidable avaient hâte de se débarrasser de cette corvée ennuyeuse ; dix minutes suffirent pour le chargement de la lancha.

Au moment où elle poussait du vaisseau, évitait, et commençait à hisser ses voiles, Ivon Lebris, debout sur le bastingage, cria d’une voix railleuse au patron :

Hasta luego, amigo ; vaya usted con Dios ! — À bientôt, ami ; allez avec Dieu ! –

Hasta luego, señor, répondit poliment le patron espagnol avec un sourire d’intelligence qui, bien entendu, passa inaperçu.

La lancha avait pris son aire ; elle niait rapidement dans la nuit, le cap sur Puerto-Santa-Maria.

Le patron, confortablement assis à l’arrière, tenait la barre et fumait une mince cigarette, en fredonnant entre ses dents quelques couplets de la Colaza, chanson qui faisait alors fureur de Sé-