Page:Aimard - Rayon de soleil, 1866.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
168
les drames du nouveau-monde



ger au retour : le cœur du gros Hollandais eût des palpitations lorsqu’il songea à l’accueil sur lequel il pouvait compter. En effet, c’était une redoutable perspective que d’avoir à affronter les reproches d’une femme perpétuellement en colère, et qui, par surcroît, serait furieuse non moins qu’affamée. Son esprit effaré n’osa pas sonder les profondeurs de ce péril ; il partit machinalement. Ce ne fut qu’avec des trébuchements et des tremblements inouïs qu’il mit le pied sur le seuil de son wigwam.

Personne ne lui apparut pour le recevoir.

« Mauvais signe ! » pensa-t-il, « ce sera pire encore que je ne craignais. » Cependant, un profond silence régnait dans l’intérieur : « Très-mauvais signe, » pensa-t-il de nouveau.

Il entra, et attendit dans l’attitude d’un chien qui attend le fouet. Toujours rien ! personne ne souffla mot.

Alors, il se hasarda à regarder un peu : miss Prescott faisait semblant de dormir dans un coin ; sa femme, assise devant le feu, en tourmentait les tisons d’un air… d’un air… qui parut si redoutable au malheureux Vanderbum qu’il en recula de deux pas.