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Page:Aimard - Rayon de soleil, 1866.djvu/82

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les drames du nouveau-monde



la fosse était assez profonde pour recevoir ses hôtes glacés. Alors il fallut bien que Caton touchât les cadavres ; mais ce ne fut pas sans peine qu’il s’y décida.

— Ce pauvre Big Mose ! balbutia-t-il en soulevant un nègre de stature herculéenne qui était criblé de coups de tomahawk ;… il sentait venir les Indiens longtemps avant qu’ils fussent arrivés. Pauvre Mose, ajouta Caton en versant de grosses larmes, on ne le verra plus faire de ces soupers où il mangeait comme quatre, ni faire des entre-chats et des sauts périlleux en dansant au clair de lune. Pauvre garçon ! il avait de fameux jarrets, et savait si bien s’en servir.

Le cadavre fut déposé avec soin dans la fosse, et les trois autres ensuite ; la terre les recouvrit et la tâche funèbre fut accomplie. Pendant bien des nuits, Canfield eût devant les yeux ces corps défigurés et sanglants, lamentables victimes de la fureur sauvage.

Le soleil déclinait vers l’occident et le jeune officier commençait à avoir des accès d’impatience en ne voyant pas apparaître le Huron. Deux heures s’écoulèrent ainsi dans l’attente : enfin Caton lui dit :