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ABIGAÏL.


TROISIÈME PARTIE.

ROBERT HARLEY.


I


Aperçu des intrigues d’Harley et de la marche suivie par lui afin d’arriver au pouvoir.


Deux années venaient de s’écouler, et Abigaïl semblait avoir oublié de remplir sa promesse. Les whigs étaient encore au pouvoir, et la famille Marlborough tenait toujours le haut rang à la cour.

Les échecs et les retards n’avaient pourtant pas découragé sir Harley. Décidé à ne rien hasarder par trop de précipitation, il agissait de manière à être sûr, du moment où il obtiendrait la place qu’il convoitait, de pouvoir s’y maintenir fermement. Ses menées, sourdes d’abord et sans but apparent, eurent bientôt une signification très-claire.

Parfaitement assuré d’être soutenu par les tories et par les jacobites, sir Harley parvint à gagner quelques membres du parti opposé, entr’autres le comte Rivers, qui devint son agent secret, et qui lui dévoilait les desseins de ses collègues. En flattant la vanité et en excitant la jalousie du duc de Somerset, sir Harley finit aussi par le conquérir, et la reine l’aida dans ce succès en invitant constamment le duc à ses conférences particulières et en caressant son amour-propre unique au monde.

Les mêmes moyens eurent le même résultat vis-à-vis du duc