dant huit jours et l’on attendit le retour de Pierre ; mais il lui fut impossible d’obtenir de l’empereur la permission de revenir. Le huitième jour des chevaliers turcs, hommes illustres dans l’art de la guerre, sortirent de Nicée au nombre de cent, et parcoururent tout le pays et les villes situées dans les montagnes, afin de recueillir des détails exacts sur le butin et les prises que les Français avaient enlevés. On dit que ce même jour ils tranchèrent la tête à un grand nombre de pélerins qu’ils trouvèrent errans çà et là, en divers lieux, par bandes de dix, de quinze hommes ou même plus. Le bruit s’étant répandu dans le camp de Pierre que les Turcs étaient dans le voisinage et qu’ils avaient tranché la tête à des pélerins dispersés dans la campagne, ceux du camp ne purent croire d’abord que les Turcs se fussent autant éloignés de Nicée. Quelques-uns cependant firent la proposition d’aller à leur poursuite et de chercher à les rejoindre dans les environs.
Dès que la vérité fut mieux connue, le peuple se mit en grand mouvement ; tous les hommes de pied allèrent trouver Renaud de Bréis, Gautier Sans-Avoir, Gautier de Breteuil et Foucher d’Orléans, qui étaient les principaux chefs de l’armée de Pierre, et leur demandèrent d’aller venger leurs frères et de réprimer l’audace des Turcs. Mais ceux-ci refusèrent absolument de marcher jusqu’à ce que Pierre fût arrivé et eût donné son avis. Godefroi Burel, commandant en chef des hommes de pied, ayant entendu ces réponses, déclara que ces illustres chevaliers étaient beaucoup trop timides à la guerre et se répandit fréquemment en reproches amers contre les hommes qui empê-