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albert d’aix.

Soliman fut d’abord étonné, ne sachant d’où pouvait provenir une si grande agitation, car il ignorait entièrement les projets des pélerins. Dès qu’il eut reconnu cependant que c’étaient eux qui s’avançaient, il dit aux siens « Voici ; les Francs vers lesquels nous marchons sont là. Vous pouvez être assurés qu’ils viennent pour se battre contre nous. Sortons au plus tôt de cette forêt et des montagnes pour nous porter dans la vaste plaine où nous pourrons nous battre avec eux en toute liberté en sorte qu’ils ne trouvent nulle part de refuge. » À ces paroles les Turcs, empressés d’obéir, s’éloignèrent dans le plus grand silence des montagnes et des bois.

Cependant les Français, ignorant l’arrivée de Soliman, sortirent aussi des forêts et des montagnes en continuant à crier et à vociférer, quand tout à coup ils virent dans la plaine l’armée de Soliman qui les attendait pour combattre. Aussitôt s’encourageant les uns les autres au nom du Seigneur, ils envoyèrent d’abord en avant deux corps formés de cinq cents chevaliers. Soliman, en voyant s’avancer ces deux corps, lâcha les rênes à son cheval ; les siens en firent autant, et tous s’élancèrent, poussant des cris inconnus aux chevaliers catholiques et vraiment intolérables, dont ceux-ci furent tout étonnés et comme frappés de stupeur. Puis les Turcs faisant pleuvoir une grêle de flèches et se précipitant sur les deux corps, les accablèrent, les dispersèrent et les séparèrent de l’armée qui marchait à leur suite. En entendant le cliquetis des armes et les vociférations des Turcs qui poursuivaient leurs frères avec tant de cruauté, ceux des pélerins qui formaient l’arrière-garde de l’armée, et qui