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histoire des croisades ; liv. i.

prix que cette nombreuse armée leur avait abandonnés. Après avoir ainsi mis toutes les armes à couvert, ils se montrèrent menteurs dans les promesses qu’ils avaient faites pour garantir au peuple la clémence du roi ; et, s’élançant avec cruauté sur ces pélerins désarmés et dépouillés, ils les attaquèrent et les mirent à mort de la manière la plus barbare, à tel point que, selon les rapports affirmés véritables par le petit nombre de ceux qui échappèrent avec peine à la mort, après avoir assisté au carnage, toute la plaine de Belgrade était entièrement couverte de sang et des cadavres de tous ceux qui furent tués, et qu’il n’y en eut que bien peu qui purent se soustraire à ce martyre.

Au commencement de l’été et dans la même année où Pierre et Gottschalk s’étaient mis en route avec leurs armées, des bandes innombrables de Chrétiens partirent de divers royaumes et de divers pays, savoir, des royaumes de France, d’Angleterre, de la Flandre, de la Lorraine. Brûlés du feu de l’amour divin, et portant le signe de la croix, ces pèlerins débouchaient par bandes de tous côtés, portant avec eux toutes sortes de provisions, d’effets, d’armes dont ils avaient besoin pour accomplir leur voyage à Jérusalem. Ces gens, sortant en foule de tous les royaumes et de toutes les villes, se réunissaient ensuite en corps, mais ils ne s’abstenaient point des réunions illicites et des plaisirs de la chair ; ils se livraient sans relâche à tous les excès de la table, se divertissaient sans cesse avec les femmes et les jeunes filles qui sortaient aussi de chez elles pour se livrer aux mêmes folies, et s’adonnaient témérairement à toutes les vanités, sous le prétexte du voyage qu’ils allaient entreprendre.