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HISTOIRE DES CROISADES ; LIV. II.

des paroles trompeuses de l’empereur lui-même ; à ne point aller vers lui, malgré la douceur de ses paroles, et à demeurer en dehors des murs où il pourrait recevoir en toute sécurité ce qui lui serait offert. Ainsi prévenu par ces étrangers, et bien instruit de la perfidie des Grecs, le duc refusa d’aller auprès de l’empereur. Celui-ci, animé d’une violente indignation contre lui et toute son armée, ne voulut point leur accorder la faculté de vendre et d’acheter. Baudouin, frère du duc, voyant la colère de l’empereur, et le peuple dans le besoin et l’impossibilité de se procurer les choses nécessaires, convint avec son frère et les plus illustres de l’armée d’aller de nouveau dans le pays et sur le territoire des Grecs enlever du butin et ramasser des vivres jusqu’à ce que l’empereur, réduit par ces malheurs leur rendît la libre faculté de commercer ; et l’empereur, sachant que son royaume était encore une fois livré au pillage et à toutes sortes de maux, leur rendit en effet la permission de vendre et d’acheter.

C’était le jour de la Nativité du Seigneur. En ce temps solennel, en ces jours de paix et de joie, les pélerins pensèrent que ce serait une bonne œuvre digne de louanges et agréable à Dieu de ramener partout la bonne harmonie entre l’empereur et le duc et ses puissantes armées. Ayant donc rétabli la paix, ils s’abstinrent de tout pillage et de toute insulte. Pendant ces quatre jours de sanctification, ils demeurèrent en plein repos et en parfaite joie devant les murs de Constantinople.

Après ce terme, le duc reçut un message de l’empereur qui l’invitait, avec de vives instances à quitter