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avec la France, si elle ratait c’en était fait pour longtemps du bon renom Français en Corée — je résolus donc d’aller, à Paris, essayer de faire rapporter ce décret, en ce qui concernait la Corée.

C’était peut-être un peu téméraire.

Je me présentai au ministère des Affaires Étrangères — on me renvoya un peu de Caïphe à Pilate — Je commençais à désespérer, lorsque, grâce au concours dévoué de quelques amis, je pus avoir une entrevue avec le Ministre des Affaires Étrangères, M. Delcassé. J’expliquai le cas au Ministre avec toute l’éloquence, bien modeste, que me suggérait mon patriotisme.

J’eus la douce satisfaction de voir le Ministre entrer dans mes vues ; et peu de temps après j’obtenais les garanties nécessaires pour mener ma mission à bonne fin.

À l’arrivée des fusils Gras en Corée, grand mécontentement chez certains représentants étrangers ; mais, par contre, grande joie chez les Coréens en général, et en particulier au Palais. Sa Majesté a immédiatement félicité et récompensé M. Yi Yng Yong, premier interprête de la Légation de France, qui s’était entremis dans l’affaire.

Pour mon compte personnel, je devais bientôt ressentir les effets de la haine provoquée par la réussite de cette entreprise. On manœuvra pour qu’on m’envoyât à Tokio, toucher le reliquat de la somme qui m’était due ; et à peine étais-je sur le bateau qui m’emportait vers le Japon, qu’on donnait à un jeune Américain la place qu’on m’avait promise.

À mon retour du Japon, je continuai, dans le silence, à préparer, pour ainsi dire seul, les objets qui devaient figurer à l’Exposition Coréenne, à Paris, en 1900.