Page:Alain-Fournier - La Femme empoisonnée, 1944.djvu/18

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bas de son nez. On voyait sa bouche que le sourire agrandissait. De près, hélas, sa peau livide semblait plombée par l’affreux mal humain que les hommes lui ont donné.


C’était l’extrême horreur et l’extrême douceur ; comme pour celui-là qui s’en va, l’hiver, par les sentiers perdus, chercher la Grande-Jeune-Femme-très-aimée, et qui la trouve enfin, mais morte dans la neige, étendue sur un accotement. Autour de ses yeux, derrière l’oreille et sous son cou, sa chair de femme au halo blanc serait encore la plus exquise chose humaine, n’était cette couleur verte de froid ou de pourriture, qu’elle a sur la neige qui la fait mourir. Et il s’est agenouillé près d’elle. Et il dit : C’est ainsi que, par les chemins perdus et parmi les hommes perdus, ô ma per-

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