a sauvé l’humanité, ou, si l’on veut, a renouvelé la condition humaine et l’a relevée et consolée. Bel exemple d’un genre étendu sur une humanité égarée et perdue, et lui montrant en quelque sorte son chemin. Cette remarque est propre à faire entendre que la religion n’est autre qu’une mythologie vraie, c’est-à-dire, depuis vingt siècles, une histoire merveilleuse qui éclaire et relève les hommes et promet la paix. Au fond les passions guerrières n’hésiteront pas à prouver que l’ennemi n’appartient pas à l’humanité. Encore une fois voyez comment notre jugement se sert du genre pour discriminer les individus. Pour ma part, je considère Descartes comme un admirable type d’homme (ou modèle d’homme) ; mais je crois que Platon est encore plus près d’être un dieu ; aussi le nomme-t-on le divin Platon.
La question des genres étant ainsi présentée, et tout progrès de la connaissance allant de l’abstrait au concret, il n’y a plus à demander pourquoi nous faisons des abstractions. C’est que nous ne pouvons mieux ; il nous faut commencer par là. J’aperçois un être en mouvement au loin sur la route, et me voilà à chercher le genre auquel il appartient « C’est, me dis-je, un cheval, ou un bœuf, ou une femme. » Ces corrections reviennent à changer le genre, ce qui permettra de mieux prévoir. Imaginez l’assassin au bord d’un bois, qui croit voir venir deux gendarmes. Le genre le frappe au cœur. Il y va de toute sa vie.
Notre recherche ne va donc pas, comme on dit trop vite, des cas particuliers à l’idée abstraite. Cette marche ne nous avancerait guère car si nous avons la connaissance concrète, que nous manque-t-il ? Quelques astronomes ont formé la connaissance concrète de la marée et après cela ils se souciaient fort peu de généralités ; car le difficile, c’est de connaître la marée comme elle est, en ses mouvements, par ses causes, par ses apparences et par ses effets.